Mohand Cherif Zirem au quotidien Le Temps d’Algérie

Publié le par Mohand Cherif Zirem

Mohand Cherif Zirem au quotidien Le Temps d’Algérie


             « Il faut toujours positiver et rêver d’un monde meilleur »


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       Poète, psychologue clinicien et journaliste, Mohand Cherif Zirem est aussi un talentueux écrivain algérien. Auteur de plusieurs livres en Algérie et même aux USA. Très jeune, il est déjà traduit dans d’autres langues et reconnu sous d’autres cieux. L’auteur de « Je vais encore prendre le large » est aussi militant des causes justes. Son engagement est authentique dans ses œuvres, comme dans sa vie de tous les jours. Modeste et infatigable, ce jeune artiste se veut témoin de sa génération. Dans cet entretien, Zirem nous invite à découvrir son monde fabuleux de la création et nous livre sa philosophie positive de la vie. L’humanisme et l’espoir reviennent comme des leitmotivs chez ce grand homme.  

                   

Biographie expresse :


·         * Mohand Cherif Zirem est né le 9 juin 1981 à Sidi-Aïch en Kabylie.

·          * En 1998, il obtient le Prix du meilleur texte en tamazight.

·            * En 2004, il obtient son diplôme en psychologie clinique de l’université d’Alger.

·       *    Zirem milite pour les droits de l’homme  et ne rate pas une occasion pour manifester dans la rue ou activer dans le mouvement associatif.

·       *    Après avoir pratiqué la psychologie dans de grands CHU d’Alger, le psychologue s’oriente vers le journalisme.  

·    *     En 2003, Mohand Cherif signe ses premiers papiers de presse. Un début d’une prolifique carrière journalistique. Il travaille pour des médias algériens et étrangers.   

·         *  En 2005, Zirem fonde et dirige les éditions Zirems, lesquelles vont devenir les Editions Lumières-Libres.

·           * En 2006, Mohand Cherif Zirem publie Les Nuits de l’absence.

·      *  En 2010, il édite L’Amour ne meurt pas et Brahim Saci sur les traces de Slimane Azem. Ces deux livres sont édités aux USA et traduits en 2011 en italien.

·       * En 2013, Zirem publie Je vais encore prendre le large en Algérie. Ce livre est aussi édité aux USA en juillet, en version bilingue français/italien.


Le temps d'Algérie : Vous-venez d’éditer votre sixième ouvrage. Peut-on savoir quelle est la différence avec vos anciennes publications ?


Mohand Cherif Zirem : Chaque livre est unique.  Je tente toujours de me parfaire et d’emprunter de nouveaux sentiers. Toutefois,  certains thèmes sont toujours abordés, mais différemment. L’amour, la soif de la vie, la paix, la tolérance, l’humanisme,  les questions existentielles sont des sujets qui me tiennent à cœur.  C’est même le fondement de mes écrits. Mes premiers livres sont nés à l’époque où j’étais étudiant, mais les autres ouvrages sont venus après. Je pense qu’avec le temps, il y a plus de maturité et du recul par rapport aux choses de la vie. Dans mon dernier livre, il y a ma conception de la vie et mes lectures psychologiques. Même si la tristesse est omniprésente, je positive les choses et je redonne l’espoir au lecteur. Certes, le monde est souvent absurde, mais il est aussi beau et mirifique. Donc, il faut toujours positiver et rêver d’un monde meilleur. L’espoir fait renaître les rêves, même de leurs cendres.  Dans mon dernier ouvrage, j’ai aussi rendu un hommage à mon neveu Billal (paix à son âme). Il était un artiste en herbe mort à la fleur de l’âge, à l’âge de 16 ans. La vie peut aussi être impitoyable, mais il faut avoir le courage de l’affronter et de réinventer la joie et le bonheur, même avec les choses simples.     

 

-L’écriture est apparemment une histoire de famille chez-vous. Pouvez-vous nous expliquer quelle est l’origine de cet attachement à ce domaine ?


L’écriture est une maladie dans ma famille (rires). C’est mes parents qui sont à l’origine de cette pathologie. D’abord mon père qui a tout fait pour nous éduquer et nous catapulter , très loin, sur les incommensurables  chemins du savoir. A la maison, nous avons une très triche bibliothèque qui nous accompagne depuis l’enfance. Puis, il y a ma mère. Une merveilleuse personne. Une poétesse sensible et lucide. Cette mère extraordinaire nous a transmis les trésors de la culture orale kabyle. Et c’est grâce à elle que nous-sommes devenus écrivains et poètes. Mon frère Youcef, l’aîné de notre famille est le précurseur de l’écriture chez nous. Il est un exemple pour nous tous. Aujourd’hui, il est édité en France, en Belgique en Amérique et ailleurs et nous sommes fiers de lui. Il y a aussi mon frère Hamza, qui écrit même en italien, lui aussi reconnu à l’étranger. Bien sûr, la liste est longue, mes autres frères et sœurs écrivent aussi, à l’instar de Kamel, Khaled et Zakaria. Je suis le cadet de ma famille et j’écris aussi.   


-Vous-êtes militant des causes justes.  Parlez-nous un peu de vos engagements.


Vos mots me vont droit au cœur. Je n’ai pas fait grand-chose, mais c’est vrai  que j’ai toujours milité, à ma manière et pacifiquement,  pour une Algérie libre, plurielle et prospère. Je milite aussi pour un monde meilleur, où la tolérence, l’amour, la fraternité et la paix ne seront pas de vains mots. Un poète ne peut pas changer le monde,  mais ses rêves restent éternellement indélébiles et vont, sans cesse, semer de très belles choses. Militer demande des sacrifices mais finit toujours par apporter de bons fruits. A l’université et dans la société civile, avec mes camarades,  nous avons pu arracher des acquis. Je n’ai fait que mon devoir et je pense que chaque citoyen a un plus a donné à sa société. Je veux que mon pays se développe,  se démocratique réellement, comme je souhaite la prospérité et une vie digne pour tous les êtres humains.  Je suis citoyen du monde et tout ce qui concerne l’Homme me concerne aussi. 

       

- Parlez-nous un peu de la littérature et la poésie militante en Algérie.


La littérature militante a toujours existé dans notre pays. On peut la trouver dans les fables et les proverbes anciens. Puis, durant la colonisation française de l’Algérie, les chanteurs, les poètes, les dramaturges et autres artistes se sont opposés à l’injustice par le verbe et l’art. Après l’indépendance,  l’art engagé a continué son chemin. Beaucoup d’intellectuels et de créateurs expriment leur refus de la dictature et leur aspiration à la liberté. Après l’ouverture dite démocratique, l’engagement poétique et littéraire n’a pas disparu. On retrouve toujours des textes, des chansons et autres formes artistiques qui s’inscrivent dans la protestation et l’engagement.  A ce jour, les artistes engagés existent et existeront au futur. Un vrai artiste sincère doit être engagé et ne va pas tolérer les injustices de son époque car il est témoin. Cependant, beaucoup de pseudo-artistes ne s’engagent pas et préfèrent séduire les forts du moment  pour des intérêts bassement matériels. Mais je ne pense pas qu’on peut classer ces personnes parmi la catégorie des artistes.   


-Vos ouvrages sont traduits en plusieurs langues étrangères. Quel est votre sentiment de cette considération au-delà des frontières ?


L’art n’est pas une réjouissance personnelle, mais un partage avec autrui. Etre lu traduit et publié dans d’autres pays, est un grand bonheur pour moi. Je suis encore jeune et j’ai des lecteurs et des admirateurs en Algérie, en France, en Italie et même aux Etats Unis d’Amérique, c’est une fierté pour moi et pour mon pays. Je n’ai jamais imaginé que mes modestes écrits seront reconnus, si rapidement. Ces encouragements me motivent à aller de l’avant. Je suis un citoyen du monde et je ferai de mieux pour partager mes écrits avec le plus grand nombre possible de personnes.   


-Avez-vous des projets en chantier ?


Oui, j’ai beaucoup de projets. D’abord faire la promotion de mes livres déjà édités. Puis, je dois publier mes ouvrages achevés depuis des années. J’ai des livres inédits en  Tamazight en Arabe et en Français. Des poèmes mes aussi des romans des nouvelles et des écrits scientifiques en psychologie. J’ai aussi des livres en chantier et d’autres à écrire. Je dois aussi terminer la lecture de très beaux textes et lire d’autres. La lecture est indissociable de l’écriture. J’aime lire et la lecture fait partie de mes projets et de mes raisons de vivre. En somme, j’ai de belles choses à terminer d’autres à concrétiser. La vie de l’homme est si courte et son œuvre est toujours inachevée. Cependant, il faut toujours avoir de grands songes et les poursuivre sans relâche.


                               Entretien réalisé par Abdenour Igoudjil

                Pour le quotidien Le Temps d’Algérie du jeudi 09/01/2014.

 

 

 

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